Big brother

Une fiction plus que vraisemblable dans un pays ubuesque où tout le monde surveille tout le monde, où chaque citoyen est en permanence sous contrôle via le Parti du Travail, ses affidés zélés, le Ministère de la Sécurité du Peuple et autres entités entièrement consacrées à scruter les faits et gestes de tout un chacun… Rendre hommage en permanence à la dynastie des Kim  au pouvoir depuis la fin de guerre de Corée est un devoir absolu. Ceux-ci portent tous des surnoms aussi farfelus que mégalos «Président ou  Soleil éternel » «Professeur de l’humanité toute entière» pour l’un, « Cher dirigeant ou Guide» etc… des titres plus ronflants les uns que les autres pour masquer une des pires dictatures au monde qui plus est héréditaire !!! où l’exécution sommaire, y compris tout récemment celle de son propre demi-frère, la torture et la déportation dans des camps de travail sont monnaie courante … sans oublier les nombreuses famines qui font tant de victimes… Un pays où s’applique « la culpabilité par association » sic, ce qui signifie qu’une famille peut être victime du régime sur trois générations si un de ses membres et reconnu coupable « d’ opposition ou de faute grave » . On voit le degré de folie pure qui enferme le pays. «  La faute, une vie en Corée du Nord » est un roman graphique paru aux éditions Delcourt/Mirages de Michael Sztanke, journaliste et réalisateur qui a vécu longuement en Chine ou à Hong Kong comme correspondant de R.F.I. avec des dessins de Alexis Chabert mais aussi des photos pour montrer des images non autorisées du quotidien de la vie de ce pays…Deux ans pour obtenir un visa afin de réaliser un documentaire et une expérience hors normes où chaque pas, chaque déplacement demande une multitude d’autorisations pour se mouvoir dans ce lieu coupé du monde que l’auteur définit comme «  un pays dirigé par une secte dont les gourous qu’ils soient vivants ou morts sont des demi-dieux ». Un scénario imaginaire mais plus que plausible où un guide touristique pour visiteurs étrangers se trouve pris dans un engrenage fatal car sa hiérarchie lui reproche son comportement trop accommodant avec ses hôtes mais aussi et surtout d’avoir écorné gravement l’image du pays en omettant de porter au revers de son veston le badge officiel représentant les portraits souriants des deux prédécesseurs du tyran actuel. Menaces, pressions et chantages en tous genres sont récurrents pour monter combien ce pays devient de plus en plus un huis clos kafkaïen au-delà du délirant. Un livre à emprunter à la médiathèque de Rodez.                                             Une plongée passionnante au cœur d’ un univers effrayant.

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