Cool Brothers

Décontractés sans ostentation, chaleureux et attentifs, le jazz comme passion qu’ils aiment partager, tels sont les deux frères Joseph et Léon Le Nair lorsqu’ils prennent place sur la scène de la MJC de Rodez pour leur troisième set de la journée. En effet, comme ils sont en tournée en partenariat avec les Jeunesses Musicales de France, ils ont déjà proposé deux séances pour les scolaires, l’une en matinée, l‘autre en début d’après-midi. Hier soir pour la version tout public de leur spectacle, Jelly Jazz version duo du sextet No Red Coin, nous invite à nous plonger dans l’atmosphère Nouvelles-Orléans, dans les années 20/30, ville berceau d’un genre bien spécifique, à la fois relax mais ponctué d’envolées plus enthousiastes, poétique autant qu‘inspiré. Bercés depuis leur enfance par la musique omniprésente autant qu’éclectique à la maison, au fil des ans ils se sont pris au jeu et chacun avec son instrument de prédilection, trompette pour l’un, guitares dans tous les styles pour l’autre, ce genre musical s’est lentement imposé à eux. Petits concerts dans la rue à leurs débuts, avant peu à peu de tracer leur propre route dans ces mélodies au croisement aux multiples origines, «les cultures européenne, caribéenne, africaine et amérindienne» comme ils se plaisent à définir la genèse des différents standards qu’ils vont jouer pendant la soirée. Un vieux gramophone comme seul décor pour bien situer l’époque, quelques mots rapides sur chaque compositeur, avec des clins d’œil tout particuliers à divers pianistes comme Fats Waller, ou à des instrumentistes célèbres dont ils égrènent les succès, ils enchaînent les chansons. Majoritairement dans la langue d’origine donc, mais avec aussi quelques surprises en cajun. On se laisse bercer d’accents de blues plus fiévreux ou de ballades toutes de douceur ouatée, de la complicité de bon aloi entre eux, et d’une pointe d’humour pour apprécier ce récital très feutré. On se plaît ainsi à rêver aussi bien de l’ambiance toute de grâce et de volupté de ce temps-là, que de se replonger avec délectation dans les bandes sons qui fleurent bon les films inoubliables de Woody Allen. Un moment très agréable qui a suscité de longs applaudissements du public.