Le Club des cinq

Soit cinq copains qui en parlaient depuis longtemps… Depuis leurs années de facs, la vie les a séparés, chacun a fait sa vie… Mais comme ils se l’étaient promis, c’est sur, cette semaine, enfin, ils vont se retrouver, replonger dans leurs souvenirs et rattraper le temps perdu… Une maison isolée en pleine nature appartenant à la famille de l’un d’eux, c’est là qu’ils vont s’accorder cette parenthèse privilégiée, loin des contingences habituelles du travail, de leurs foyers, leurs enfants etc… Ils ont la trentaine: l’heure d’un premier bilan, celui de se remémorer le passé tout de nostalgie, mais aussi, et peut-être surtout, d’évoquer le présent plus ou moins chaotique voire l’avenir très incertain, autrement dit « un portait générationnel » tout en nuances, où chacun se révèle entre ombres et lumière. Pour l’un, c’est le fantôme omniprésent du père/ patron qui le hante toujours, pour le second, c’est son couple qui part à vau-l’eau, le troisième lui, culpabilise de ne pas être aux cotés des siens pour l’enterrement prochain de sa grand-mère, un autre vit un dilemme en prise avec ses idéaux… Seul le dernier de retour d’un séjour en Afrique semble vivre comme il le souhaite… Ce chalet perdu au milieu de nulle part qui abrite leurs retrouvailles sera surtout pour chacun le moment de vérité, entre introspection salutaire et réflexions intimes. « Quelques jours avec un menteur », une bande dessinée parue chez Delcourt dans la collection Encrages est signée Étienne Davodeau pour le scénario comme pour les illustrations. Le téléphone ou la radio, seuls liens avec l’extérieur, au fil de l’histoire agissent à intervalles réguliers comme autant de révélateurs de la personnalité enfouie de chaque participant. Un récit sur l’amitié, mais pas que, un moment presque ordinaire pour cristalliser la réalité du quotidien face aux rêves jadis partagés, voilà comment on pourrait résumer ce livre entièrement en noir et blanc, sans fioritures, presque a minima, où, paradoxalement, chaque vignette n’en devient que plus expressive car se concentrant sur l’essence même des rapports humains.

Cet article, publié dans B.D., est tagué , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Laisser un commentaire