C’est un duo pour le moins très peu en phases. Lui, victime d’un grave accident se retrouve sur un fauteuil roulant et se rêve romancier à succès, elle pimpante et à la langue bien pendue, se présente comme sa nouvelle auxiliaire de vie… Au premier contact, dans ce salon sommairement meublé, chacun tente de jauger l’autre, son quotidien, ses choix ou contraintes de vie, ses aspirations, mais aussi les non-dits ou les secrets qui permettraient de mieux le/la cerner. Une confrontation entre eux qui relève toujours d’invisible fragilité autant que d’instabilité croissante, à la fois tout de banalité apparente autant que d’insidieuse perversité, où se dévoiler, ou montrer ses doutes ou ses failles, serait offrir à autrui, qui sait, trop d’informations confidentielles susceptibles de devenir potentiels moyens de pressions voire de chantage… La pièce de théâtre présentée mardi soir à la Baleine signée Alain Teulié «Le manteau de Janis» en référence à l’icône américaine de la musique pop rock des années 60 au destin tragique, relève ainsi de ce que l’on pourrait qualifier de huis clos vénéneux, synonyme de forte tension entre deux individus… Mission mystérieuse exigée par l’handicapé … mais bien vite détournée par l’aidante, renoncements mal vécus ou allusions tendancieuses, affrontements verbaux versus réflexions désabusées, on a droit à toute la gamme… une trame ponctuée de sentences qui se veulent humoristiques «alors ça roule?»… «histoire à dormir debout»…. et autre «tu peux toujours courir» sic pour moquer l’infirmité de «l’homme à roulettes»… Ce que certains verront peut-être comme de l’ironie amère second degré, pour d’autres, plus prosaïquement, des répliques aussi vaines que sans intérêt quant au déroulé de cette intrigue. Sur scène, Aurélie Konaté dans des tenues plus extravagantes les unes que les autres, diction ou gouaille bien maîtrisée, et gestuelle adéquate, fait preuve de talent dans son rôle tout d’ambiguïté, son partenaire semblant beaucoup plus en retrait, comme s’il n’habitait pas totalement son personnage. Un duel déséquilibré à la mise en scène minimaliste pour un spectacle qui laisse sur sa faim.
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