Mise en Veil

La bande dessinée «Simone Veil ou la force d’une femme» parue aux éditions Stienkis scénario de Xavier Bétaucourt et Annick Cojean, grand reporter au Monde avec des illustrations d’Étienne Oburie est bien davantage qu’une biographie supplémentaire de l’ancienne Ministre de la Santé, dont on ne dira jamais assez combien elle révolutionna la vie de ses concitoyens. Ce roman graphique bicolore se découpe en deux parties distinctes: l’une dans des dégradés de gris pour son enfance, sa captivité à Auschwitz avec sa mère, sa sœur ou ses camarades, puis ses débuts dans la magistrature au lendemain de la guerre, puis une autre, baignée de douceur sépia pour s’attarder sur sa vie politique publique étalée sur plus de trois décennies. Ce portrait magnifique d’authenticité doit beaucoup aux liens tout particuliers que la journaliste a su tisser au fil d’interviews diverses, de rencontres ou de conversations informelles avec son héroïne. «Une relation de femmes faite de confiance et de respect» qui permet de toucher au plus intime, le parcours hors du commun de l’une servant de miroir autant que de boussole à l’autre. Rien de mieux pour rendre hommage à celle qui sur la fin de sa vie deviendra immortelle grâce à son élection le 20 novembre 2008 à l’Académie Française,- et son épée hautement symbolique gravée de son numéro matricule de déportée aussi bien que de la devise de la République-, puis ultérieurement le 1er juillet 2018 son entrée au Panthéon, que de feuilleter d’un ton espiègle la vie de celle dont le nom est devenu un mythe. Son existence brille de son immense courage, en toutes circonstances, de sa détermination sans faille pour se battre encore et toujours pour de vraies convictions humaines. Les témoignages des nombreux politiques qui l’ont côtoyée sont unanimes sur ce point. On appréciera d’autant son discours le 29 novembre 1974 à l’Assemblée nationale pour faire adopter sa loi sur l’interruption volontaire de grossesse, celle que Chirac appelait affectueusement «Poussinette», et a contrario combien certains élus de droite ont été au-delà de l’indécence, renchérissant dans l’abjection la plus odieuse… Délicat autant que nuancé, composite autant que sensible, on tutoie une personnalité féministe exceptionnelle devenue à juste titre une icône intergénérationnelle. À lire absolument.

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