Ils veulent y croire, ils en sont persuadés… un jour prochain, c’est sur, ils vivront « comme des rentiers » avec leur ferme bien à eux, juste quelques hectares qu’ils cultiveront avec passion, et quelques animaux dont surtout des lapins que l’un d’entre eux vénère au plus haut point. Tous deux sont des journaliers agricoles, des saisonniers qui vont de ranch en ranch proposer leur force de travail… Et pour Lennie Small, qui porte mal son nom, tant d’intelligence limitée, il ne maîtrise guère son corps de colosse infatigable, notamment ses mains énormes qui lui font commettre en permanence des « bêtises », étouffant par exemple les souris qu’il veut cajoler… Il a une confiance aveugle dans son camarade George Milton, lui beaucoup plus petit mais débrouillard, est habité par son rêve d’un futur meilleur…« un dingo et un dégourdi » sic. Cette histoire qui se passe en Californie au lendemain de la Grande Dépression suinte de misère économique doublée de ségrégation raciale, de soif de vivre mieux confrontée au défi d’un quotidien douloureux… tout le monde la connaît, bien sûr, pour avoir lu le roman ou vu l’une des nombreuses versions proposées au théâtre ou au cinéma. Aussi il fallait du cran et de l’audace pour le Collectif Théâtrajeunes pour, après Amélie Nothomb, se confronter à « Des souris et des hommes » de John Steinbeck, Prix Nobel de littérature. Offrir une adaptation à la fois crédible et imaginative pour donner à l’ensemble des personnages une identité forte mais aussi éminemment complexe, d’où une multitude de registres entre marionnette surdimensionnée, salopette et chemise à carreaux, au visage creusé de solitude pour « désincarner » l’un des deux héros, et le rendre ainsi paradoxalement encore plus humain, théâtre d’objets très symboliques et surtout interprétation chorale démultipliée pour insuffler à ce drame un surcroît d’universalité. Juste quelques détails, un épi d’orge à la bouche ici, un bandana rouge là, un stetson en cuir, une main bandée ou une étole vaporeuse etc… autant de fils rouges qui permettent à chacun d’ajouter à la partition générale sa propre nuance, à peine perceptible mais essentielle, pour saisir la tragédie inexorable à laquelle on assiste. Telles des ombres funestes réparties un peu partout dans la salle ou interpellant en rangs serrés le public, les jeunes acteurs, une dizaine, étonnants d’homogénéité et de maturité rendent palpables cette pièce pétrie d’intime et d’humanité… Un spectacle très abouti encore à l’affiche aujourd’hui, toujours à la Criée la petite salle en dessous de la M.J.C. d’Onet, avec deux représentations l’une à 15 heures, l’autre en soirée à 20 heures 30.
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