Étranges mécaniques

Soit quatre mobylettes vintage du genre collector mais bizarrement toujours fringantes, une petite voiturette sans permis rafistolée de partout et un vieux camion qui se transforme non en distributeur de pizzas/frites mais devient au besoin un espace scénique sur lequel on peut donner libre cours à des improvisations musicales façon métal et rock psychédélique, tel était le programme concocté par le Club de Rodez mercredi soir sur l’esplanade proche de la salle des fêtes. Trois styles totalement différents regroupés sous l’affiche « Le Club roule des mécaniques » pour des spectacles de rues qui ne dépareilleraient pas à la fin du mois au Festival d’Aurillac.  Tobrogoï, c’est de la musique d’inspiration klezmer en version soft jouée par quatre énergumènes casqués en mode vieille France qui rajoutent à leur show des figures aussi farfelues qu’incongrues sur leurs pétrolettes, du genre qui ne se prend pas au sérieux mais sympathique en diable, n’hésitant pas au besoin à solliciter quelques spectateurs pour agrémenter leurs cascades bon enfant… Ensuite place à Heavy Motors, trois artistes qui mêlent acrobaties, mimiques délirantes et dérision dans des tribulations vertigineuses autour et avec leur voiture plus capricieuse qu’incontrôlable mais surtout source de gags en tous genres, où le moteur se transforme en gerbe de fleurs, les ceintures de sécurité se métamorphosent en rubans et prétexte à des figures de gymnastique rythmique, les portes deviennent redoutablement dangereuses etc… etc… Des trouvailles visuelles, de l’énergie à revendre, un rythme endiablé sans temps mort, franchement une prestation très aboutie toute d’humour second degré qui méritait les applaudissements nourris du public venu nombreux… Et enfin les The Closh, trois personnages atypiques quelque part entre farfadets lunaires et nostalgiques du post-punk décadent, tous en perruques extravagantes et costumes grunges déjantés, chaperonnés par un batteur sous acide qui multiplie les impromptus et les digressions, de l’impro maîtrisée avec son lot de répliques cinglantes et volontiers provocatrices pour mêler à des envolées de rock dévastateur des moments plus inattendus où l’ironie se fait plus mordante et le rire plus crispé… aussi surprenant qu’iconoclaste, joyeusement frappadingue pour une ambiance à nulle autre pareille où les trois artistes très complémentaires s’en donnent à cœur joie pour le plus grand plaisir des spectateurs.    Cette initiative du Club totalement hors norme et qui plus est gratuite fut une incontestable réussite, de la folie douce contagieuse à renouveler sans modération.

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