C’est un texte à haute teneur historique et politique dont Olivier Royer a choisi de proposer un condensé de moins de deux heures d’une pièce originale, laquelle dure in extenso plus du double. « Ça ira-Fin de Louis » de Joël Pommerat est une oeuvre très récente et récompensée de plusieurs Molières, publiée en 2016 chez Actes Sud, éditions que présidait alors notre actuelle Ministre de la Culture. Si ce n’est pas une reconstitution historique de la période révolutionnaire au sens classique du terme puisque tous les personnages sont habillés contemporain et utilisent volontiers au besoin leur portable en tout anachronisme, les idées qui fermentent et bouillonnent, les débats qui agitent ces héros méconnus sont eux bien documentés et rendent palpables l’atmosphère fiévreuse qui parcourait tout le pays en ce temps-là et plus particulièrement Paris. De la banqueroute financière de l’Ancien Régime, et son corollaire la famine qui frappe les couches populaires, à la convocation de l’Assemblée des notables, de la confrontation des élus mandatés du Tiers-État face au mépris de la noblesse ou aux cris d’orfraie du clergé, nous sommes témoins directs de l’Histoire en train de s’écrire… La passion des uns à défendre des idéaux de justice et d’égalité se conjugue du dédain de la cour où le Roi Louis XVI généralement aimé et respecté par la population car il cultive l’image du « brave type mal conseillé et mal entouré » devient assez vite suspect de duplicité, où la reine jamais citée par son prénom est campée comme une greluche acariâtre et velléitaire, seul le Premier Ministre semble prendre le pouls de ce qui se trame… Manœuvres et coups tordus en tous genres, altercations véhémentes et coups d’éclats à l’Assemblée, crise de représentativité et démocratie réelle, passe-droits des uns face aux devoirs des autres, fiscalité et pollution, nous sommes bien au-delà de la période historique très ciblée et cela résonne avec évidence de nombre de problématiques de l’époque contemporaine. Tous les personnages sont transparents et renvoient au climat actuel… l’utopie d’hier en écho à la réalité d’aujourd’hui, opprimés anonymes contre oppresseurs bien identifiés, laissés pour compte face aux premiers de cordée… magnifique parabole intemporelle de la lutte des classes autant que brûlot incandescent… La vingtaine de jeunes comédiens adolescents de l’école de théâtre de la M.J.C. de Rodez à l’unisson, -mention spéciale à Marie aussi à l’aise avec ses tirades qu’avec son violoncelle en live-, tous rivalisent de fougue et d’enthousiasme pour incarner avec finesse leurs personnages, lesquels transformeront in fine à jamais notre pays. On sera indulgent pour quelques bafouillages et manques de concentration, on retiendra surtout que ce spectacle illustre à merveille la citation restée célèbre du Duc de la Rochefoucauld-Liancourt en réponse à la question du roi: « Mais c’est une révolte? – non, Sire c’est une révolution! »
-
Articles récents
Catégories
- absurde
- adolescence
- ambiguité
- Amnesty
- atmosphère
- authenticité
- Avignon
- B.D.
- Brassens
- burlesque
- Carmen
- censure
- Chaplin
- citoyen
- clown
- complicité
- conte
- culture
- danse
- dictature
- Droits Civiques
- Droits de l'Homme
- engagement
- Estivada
- fantaisie
- femmes
- fraternité
- féministe
- gay
- générosité
- géopolitique
- histoire
- Hollywood
- Humanité
- humour
- humour noir
- identité
- Inde
- intime
- intimité
- jazz
- jeunesse
- liberté
- lucidité
- migrants
- mémoire
- nostalgie
- occitan
- Occitanie
- odyssée
- Palestine
- passion
- politique
- polyphonies
- pouvoir
- pudeur
- quotidien
- racines
- racisme
- respect
- réfugiés
- résistance
- sensualité
- sexualité
- social
- solidarité
- souvenirs
- tango
- tendresse
- tolérance
- témoignage
- utopie
- vaudeville
- voyage
- émancipation
Archives
- février 2019
- janvier 2019
- décembre 2018
- novembre 2018
- octobre 2018
- septembre 2018
- août 2018
- juillet 2018
- juin 2018
- mai 2018
- avril 2018
- mars 2018
- février 2018
- janvier 2018
- décembre 2017
- novembre 2017
- octobre 2017
- septembre 2017
- août 2017
- juillet 2017
- juin 2017
- mai 2017
- avril 2017
- mars 2017
- février 2017
- janvier 2017
- décembre 2016
- novembre 2016
- octobre 2016
- septembre 2016
- août 2016
- juillet 2016
- juin 2016
- mai 2016
- avril 2016
- mars 2016
- février 2016
- janvier 2016
- décembre 2015
- novembre 2015
- octobre 2015
- septembre 2015
- août 2015
- juillet 2015
- juin 2015
- mai 2015
- avril 2015
- mars 2015
- février 2015
- janvier 2015
- décembre 2014
- novembre 2014
- octobre 2014
- septembre 2014
- août 2014
- juillet 2014
- juin 2014
- mai 2014
- avril 2014
- mars 2014
- février 2014
- janvier 2014
- décembre 2013
- novembre 2013
- octobre 2013
- septembre 2013
- juillet 2013
- juin 2013
- mai 2013
- avril 2013
- mars 2013
- février 2013
- janvier 2013
- décembre 2012
- novembre 2012
- octobre 2012
- septembre 2012
- août 2012
- juillet 2012
- juin 2012
- mai 2012
- avril 2012
- mars 2012
- février 2012
- janvier 2012
- décembre 2011
- novembre 2011
- octobre 2011
- septembre 2011
- juillet 2011
- juin 2011
- mai 2011
- avril 2011
- mars 2011
- février 2011
- janvier 2011
- décembre 2010
- novembre 2010
- juillet 2010
- juin 2010
- mai 2010
- avril 2010
- mars 2010
- février 2010
- septembre 2009
- février 2009
- janvier 2009
- décembre 2008
- novembre 2008
- avril 2008
- décembre 2006
- novembre 2006
Publicités