Sur la scène, au début, uniquement un fauteuil défoncé, un tourne-disque sans âge qui crachote, sur lequel de temps à autre on dépose de vieux vinyles, en prime une bande son éclectique ou se côtoient Brahms, Colette Magny, Beethoven, de l’électro-acoustique etc…et surtout onze performeurs exceptionnels, voilà planté le décor de « The Roots » proposé hier soir à la Baleine. Ce spectacle permet à ces danseurs d’une élégance et d’une fluidité incroyables non seulement de revisiter les fondamentaux du hip-hop mais surtout de proposer une vision de la danse totalement nouvelle, laquelle explore tant les origines du genre que ses interactions avec d’autres styles contemporains que ce soit par exemple la capoeira brésilienne ou des influences indiennes. Costumes très classe, ils enchainent non-stop des figures improbables, des acrobaties fulgurantes, des mouvements en solo, en miroir ou en groupe pour jongler entre légèreté aérienne, maîtrise gestuelle et sensualité des corps. C’est époustouflant de bout en bout, avec des enchaînements quasi en apesanteur, tant tout glisse comme sur du velours. Les tableaux aussi singuliers que fabuleux se succèdent avec une débauche d’énergie et de vitalité invraisemblables dans une atmosphère toute de sérénité feutrée. Plus les chorégraphies se font élaborées, plus les artistes rivalisent de complicité et de cohésion. C’est aussi complexe que subtilement délié, un travail remarquable qui fait la part belle à la complémentarité. À la virilité diffuse répondent en écho des gestes tout de douceur ouatée, de grâce quasi absolue, la souplesse fait écho à la puissance, l’agilité acrobatique à l’harmonie presque fusionnelle. On tutoie le sublime dans l’osmose entre les êtres, quel chose qui s’approche de la quintessence de la condition humaine. Bien sûr s’il y a aussi quelques morceaux de bravoure comme ce numéro de claquettes sur une table, ce ballet avec du mobilier en folie, ces avancées frontales groupées genre desperados de western… tout ne fonctionne qu’en abîme, comme réponse à tant d’autres moments plus insensés que l’on ne sait où donner des yeux. Kader Attou, le metteur en scène de ce spectacle de la Compagnie Accrorap, a réussi une alchimie magnifique entre harmonie, générosité et inventivité comme on n’en voit que rarement. Quant au final, il est vraiment éblouissant de créativité renouvelée, le bouquet d’un feu d’artifices qui semble ne jamais devoir s’achever où chaque danseur termine qui, sur une note de fantaisie décalée, qui, sur un exploit athlétique, qui, sur une touche de folie exubérante… Une soirée intensément magique, probablement une des meilleures de la saison.
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